Bergkamp et l’avion : pourquoi une telle phobie ?

bergkamp avion

Dennis Bergkamp était un footballeur assez mystérieux, de sa façon de jouer hors du commmun à sa personnalité réservée. Mais ce qui surprend toujours les fans de football, c’est que Bergkamp et l’avion, ce n’était pas une histoire d’amour, mais plutôt un cauchemar !

Bien plus qu’un simple mal des transports, les vols en avion étaient sa hantise. Il était en fait atteint d’aérodromophobie (aussi appelée aviophobie), et cela a eu un impact considérable sur sa carrière et sa santé mentale.

poster bergkamp

Cela n’a pas échappé aux supporters des Gunners : chaque moment de magie à Highbury était suivi d’une défaite en Ligue des champions à l’extérieur en l’absence de Bergkamp, bien qu’il ait fait de son mieux pour voyager par voie terrestre lorsque cela était possible.

La légende du football hollandais a aujourd’hui 52 ans et ne parle pas beaucoup de cette phobie des avions, mais l’histoire qui se cache derrière est en réalité liée à de mauvaises expériences de vol, ainsi qu’à des traumatismes directement liés à des crashs d’avions privés.

Victime de ses barrières psychologiques, Bergkamp ne prend toujours pas l’avion, et s’est même juré que personne ne lui imposerait un voyage aérien pour une quelconque raison.

Mais pourquoi cette phobie ? Pourquoi Bergkamp n’aime pas l’avion ? Suite à la sortie de son autobiographie « Stillness and Speed«  en 2013, nous en savons un peu plus sur les raisons qui l’ont poussé à ne plus se rendre à l’aéroport. ✈️

Pourquoi Dennis Bergkamp déteste l’avion ?

crash avion surinam
Les débris du malheureux crash du vol 764

La plupart des gens pensent que l’ancien buteur hollandais ne prend plus l’avion suite à deux incidents survenus lors de la Coupe du monde 1994, mais l’origine de l’aérodromophobie de Bergkamp remonte à des années auparavant.

En effet, le 7 juin 1989, alors que Bergkamp n’avait que 20 ans, le vol 764 de la Surinam Airways s’est écrasé à l’approche de Paramaribo-Zanderij, tuant 178 personnes dont de nombreux joueurs de foot hollandais.

Parmi eux, Lloyd Doesburg, coéquipier de l’Ajax de Dennis Bergkamp, ainsi que Virgall Joemankhan, qui jouait dans le centre de formation académique du club en compagnie du hollandais non volant.

Cet incident aérien a évidemment bouleversé Bergkamp qui a confié plus tard à des journalistes qu’il avait été invité à participer au match caritatif que ses collègues devaient joués. Il aurait donc pu être dans l’avion et subir ce crash…

D’ailleurs, Ruud Gullit et Frank Rijkaard ont confirmé cela et souhaitaient eux aussi jouer ce match en Amérique du Sud. Fort heureusement, ils en avaient été empêché par leurs coachs pour préserver leur forme physique.

Stanley Menzo et Henny Meijer, des footballeurs proches de l’attaquant hollandais, ont quant à eux survécu à l’écrasement de l’avion, et ont certainement contribué involontairement à la peur de l’avion de Bergkamp en lui racontant leur frayeur.

Bergkamp en avion : une peur incontrolâble

Jusqu’en 1994, Bergkamp néanmoins continué à monter à bord d’avions de ligne et de petits appareils aériens, bien qu’il ai avoué détester chaque voyage dans les airs.

Effectivement, malgré son intrépidité devant les défenseurs de Premier League sous le maillot d’Arsenal, il détestait le décollage des avions au même titre que les atterrissages et il le montrait en tremblant, le visage pâle et transpirant tout au long des vols qu’il effectuait.

C’était une réelle phobie, et ses coéqupiers s’en sont aperçus. Bon nombre d’entre eux ont essayé de calmer Bergkamp dans l’avion, en vain. Il préférait se centrer sur lui-même en écoutant de la musique ou en lisant.

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Une rare image de Dennis Bergkamp, le hollandais non volant, dans un avion en 1994

Des mauvais souvenirs de voyages aériens pour Bergkamp en sélection hollandaise

Souhaitant faire briller l’équipe néerlandaise sur la scène internationale, Bergkamp a voyagé en avion de nombreuses fois en 1994 à l’occasion de la Coupe du Monde.

Pour ne rien arranger, cette compétition internationale se déroulait aux Etats-Unis. Les Pays-Bas devait donc d’abord voyager outre-atlantique, puis un peu partout aux USA.

Or, il est bien connu que les vols transatlantiques sont sujets à des turbulences. Et comme si ce n’était pas suffisant, un autre évènement est venu amplifier la peur aérienne de Dennis Bergkamp.

Un problème technique au niveau du moteur est survenu à l’un des avions dont Dennis Bergkamp était le passager

Alors qu’il s’apprêtait à jouer un match de Coupe du Monde, Bergkamp s’est tranquillement installé près du hublot d’un avion privatisé pour les joueurs de foot professionnels. Le soucis, c’est que le moteur a connu une panne audible et que les joueurs se sont logiquement inquiétés, la légende des Gunners y compris !

Cette panne a toutefois été vite prise en charge et le vol n’a pas connu d’incidents. Cela a néanmoins du conforter la star néerlandaise dans le fait que Dennis Bergkamp et l’avion ne sont pas compatibles ! Il aurait même déclaré à un de ces coéquipiers qu’il arrêterait sa carrière s’il devait continuer à prendre l’avion aussi souvent !

Heureusement, il est vite revenu sur sa décision et a poursuivi ses voyages aériens, malgré son appréhension.

Mais Bergkamp a véritablement été traumatisé de l’avion quand un journaliste hollandais a déclaré qu’une bombe avait été placée dans les soutes de l’appareil qu’il devait utiliser pour se rendre dans une ville américaine.

Cette alerte à la bombe était en réalité une blague (de mauvais goût, on te l’accorde), et elle n’a apparemment pas fait rire Bergkamp. Le journaliste peu scrupuleux a quant à lui été placé en détention.

Ces incidents ont pesé sur son moral, comme il l’a indiqué dans une interview donnée à la télévision locale américaine. Il a avoué qu’il pensait aux prochains vols en avion pendant les matchs internationaux qu’il disputait et que cela avait un impact sur ses performances de footballeur clé pour son équipe.

Dennis a néanmoins réalisé une très bonne prestation, aidant son équipe à se hisser en quarts de finale et finissant meilleur buteur de sa nation.

Bergkamp peu épargné de voyages en avion, comme de nombreux footballeurs

ALors que le périple néerlandais en Coupe du Monde s’est clôturé, l’Inter Milan, le club pour lequel Dennis Bergkamp jouait à ce moment, lui a demandé de revenir en Italie sous deux semaines pour se préparer au mieux pour la prochaine saison de Série A.

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Bergkamp avec l’Inter Milan, peu avant son transfert à Arsenal

Sortant tout juste d’une compétition éprouvante, tant sur le plan physique que mental, il a perçu cette demande comme une contrainte, mais a quand même fait l’effort de revenir rapidement en Europe.

Eh oui, il ne faut pas oublier que malgré sa phobie de l’avion, Bergkamp était un joueur formidable et indispensable à son équipe !

Néanmoins, Dennis Bergkamp était submergé par l’avion, et sa saison 1994/1995 a prouvé que ce n’était pas une simple trouille passagère, mais que l’attaquant vivait un enfer lorsqu’il se trouvant près du hublot !

Avec 5 buts marqués au cours de cette saison et d’inombrables passes ratées, il n’était clairement plus à son niveau d’avant… Et c’est cela qui a poussé le club italien à <strong, pour le plus grand plaisir d’Arsène Wenger.

Conscient que son mal-être en avion lui causait du tort, que ce soit au niveau familial ou il apparaissait de plus en plus anxieux, ou au niveau pro car il montrait des signes de faiblesse sur le terrain, il a pris une décision en 1995 : Bergkamp ne prendrait plus jamais l’avion 🛫

Transfert à Arsenal : Bergkamp a négocié une clause pour ne plus monter en avion

Alors qu’il pouvait prétendre à jouer la Ligue des Champions avec Arsenal, Bergkamp avait fait un choix et il l’a clairement exprimé auprès de son agent lors de l’établissement de son contrat avec les Gunners.

Même pour des matchs importants, il ne voyagera plus en avion. Cependant, il a assuré qu’il ferait le voyage par voie terrestre à chaque fois que cela sera possible.

D’abord réticents, les représentants du club anglais ont fini par accepter de recruter Bergkamp avec ses conditions. Dans son livre, le hollandais non-volant a confié qu’il aurait perdu 100 000 £ de salaire mensuel en refusant tout voyage par les airs.

Cependant, il a déclaré que la vie était trop courte pour faire des choses qui nous rendent malheureux, on ne peut donc pas lui reprocher sa franchise ! Il ne faut pas oublier que le football, c’est avant tout un plaisir !

Malgré sa fermeté et son incapacité à surmonter sa phobie, plusieurs coéquipiers de Bergkamp ont tenté de le convaincre de faire un effort. Certains membres du staff médical de Premier League auraient même essayé l’hypnothérapie pour remédier à sa peur de l’avion et des aéronefs, sans succès.

Une aérodromophobie qui a changé le cours de sa carrière

Au début, alors qu’il venait d’arriver en Angleterre où la suite de sa carrière s’annonçait prometteuse, il a d’abord cherché de l’aide en se renseignant auprès de professionnels de santé et de psychiatres pour tenter de mettre un terme à sa peur de voler.

Dans son autobiographie, il a dit : « J’ai ce problème qui me hante et je dois malheureusement vivre avec. Je ne peux malheureusement rien faire pour éviter cela, c’est psychologique et je ne peux pas l’expliquer. Je ne volerai plus en avion désormais »

« Heureusement pour moi, le sélectionneur néerlandais s’est montré compréhensif, comme le staff du Arsenal FC d’ailleurs

En expliquant les terreurs noctures qui lui détruisaient ses nuits les veilles de matchs à l’extérieur, il a réussi à se faire comprendre auprès de tous les représentants footballistiques.

En 2013, de nouvelles révélations sur le phobie de Bergkamp envers l’avion

Toujours dans son ouvrage autobiographique, il a révélé que son expérience avec les petits avions de tourisme & avions à hélices a également eu un grand rôle dans sa décision.

petit avion bergkamp
Le genre de petits avions que Bergkamp pouvait prendre pendant sa carrière

Bergkamp a écrit : « C’était ces petits avions qui ont du mal à sortir des nuages et qui tremblent tout le temps.

« Quand nous regardions dehors, tout ce que vous pouviez voir était blanc ou gris. Et il n’y avait presque pas d’espace. C’était si étroit que j’en devenais claustrophobe. »

« Nous n’avions absolument aucune place pour bouger et je restais assis à trembler pendant tout le voyage. Je me sentais si mal et j’ai commencé à développer une telle aversion pour le voyage que j’ai soudain compris : « Je ne veux plus faire ça ». »

« C’est devenu si grave que je regardais le ciel pendant les matchs à l’extérieur pour voir quel temps il faisait. Y avait-il des nuages à venir ? Parfois, j’étais préoccupé par le vol retour pendant que je jouais au football. C’était l’enfer. »

« La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le match à l’extérieur contre Naples. J’ai vu ce vieux avion avec ses hélices sur la piste et j’ai eu des sueurs froides. Et bien sûr, ce vol ne s’est pas bien déroulé tant les turbulences étaient présentes. »

« Aussi, à l’Ajax, j’ai volé une fois dans un minuscule avion près d’un volcan en Italie, et nous sommes entrés dans une terrible poche d’air. Plus jamais je ne prendrai ni Boeing, ni Airbus ni aucune compagnie aérienne. »

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Des trajets terrestre interminables pour épargner l’avion à Dennis Bergkamp

Soulagé d’avoir trouvé un club qui accepte sa phobie, Bergkamp a toutefois dû faire des concessions. En effet, en Ligue des Champions en 2000, il a fait un trajet en voiture de 1550 kilomètres aux côtés de son coach Arsène Wenger pour rejoindre Florence.

Indispensable dans l’effectif d’Arsenal, son célèbre entraîneur ne pouvait pas se passer de lui lors du match contre la Fiorentina. Ce voyage très long et épuisant n’a toutefois pas mené à la victoire des Gunners à l’extérieur.

Dennis Bergkamp avait alors demandé aux représentants du club de louper quelques matchs de Premier League pour faire le déplacement vers le lieu du prochain match de Coupe d’Europe, en plusieurs fois, pour être opérationnel physiquement sans prendre l’avion.

Cela a été refusé pour la simple et bonne raison que l’attaquant de pointe néerlandais était indispensable à son équipe en championnat anglais. Il a donc été contraint de faire de son mieux pendant les matchs à l’étranger, avec le peu de forme qui lui restait.

Une fin de carrière international prématurée avec les Pays-Bas à cause de sa peur

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Dennis Bergkamp, le hollandais non volant, avec les Pays-Bas

Alors qu’il a brillé en Coupe du Monde en 1998 avec les Bataves, Dennis Bergkamp a appris pendant l’Euro 2000 que la prochaine Coupe du Monde se déroulerait au Japon.

Ce pays, inatteignable de façon raisonnable par un autre moyen que l’avion, l’a poussé à mettre un terme à sa carrière internationale. Le natif d’Amsterdam aura tout de même marqué la sélection des Pays-Bas avec 37 buts.

Malgré l’évidence du lien entre son avionophobie et l’arrêt de sa carrière avec les hollandais, il n’a jamais communiqué sur ce sujet et aurait même démenti l’information.

Le hollandais non-volant, surnom de Bergkamp quand il a annoncé qu’il ne prendrait plus l’avion

Dennis Bergkamp se faisait appeler The Non-Flying Dutchman par ses coéquipiers en Angleterre, ce qui lui a valu le surnom Le Hollandais Non-Volant en France, en référence à sa phobie des avions et au fait qu’il ne mettait plus ses pieds dedans.

Mais ce surnom avait aussi une autre signification. Effectivement, c’est aussi un clin d’œil au fameux navire fantôme « Flying Dutchman » ! Conscient que sa peur des appareils aériens pouvait faire rire, Dennis Bergkamp rigolait lui-même de son surnom !

Malgré cette phobie incontrôlable omniprésente au long de sa carrière, Dennis a réussi à marquer les esprits des supporters des clubs dans lesquels il est passé, preuve que rien ne peut arrêter une légende du foot !

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